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#cyclochorie# argentine#

C'est dans la Nature, dans les Paysages et au sein des Jardins (N.P.J) que nous récoltons des centaines de matière vivante. Elles ne demandent qu'à germer et pour ce, attendront les substrats finement dosés et les conditions artificielles préparées et réfléchies par les jardiniers de l'Institut de Genech, en France.

Lorsque nous roulons sur l'asphalte, le béton, la terre ou les gravillons, croyez bien que nos yeux jonglent avec les échelles perceptibles. Le regard est attiré par le lointain, mais le subconscient, formaté pour repérer les graines, cherche, entre les troncs, les branches et brindilles, entre les feuilles, les fleurs et fruits, dans les inflorescences, les perles rares qui assurent la régénération des peuples végétaux rencontrés. Quelle capacité ont mis en place les plantes, dans leur intérêt respectif, de perpétuer et ou faire évoluer leur population; dessinant des silhouettes végétales diverses !

L’œil travaille et hop repère un indice, lui indiquant que nous devons nous arrêter. Une parcelle de maïs, une plante de talus, un massif. Ce sont les lieux communs au bord desquels nous laissons nos vélos, dans lesquels nous nous penchons, nous accroupissons pour cueillir, récolter.

sur les talus de bords de route en Argentine

dans la nature en Argentine

Bien qu'intéressés depuis le début de nos études, à reconnaître les plantes, savoir les nommer, et les classifier -pratique initiée avec Gérard Hénion à l'institut de Genech, dans le parc, il y a 5 ans lors de notre BTS d'aménagements paysagers - nous sommes ici totalement déboussolés. Le climat, entre 2000 et 3000m d'altitude est semi désertique. Alors les plantes appartenant à ces conditions de chaleur et de froid, de vent, de sec, de fortes radiations ne font pas encore parti de notre encyclopédie végétale. Mais quel meilleur moyen d'apprivoiser ce nouveau langage botanique que de commencer par le commencement, leur naissance. Les graines sont donc des approches efficaces à la compréhension et retranscription des milieux rencontrés.

Le travail de reconnaissance des plantes et des graines, leur nomination, est rendu compliqué par l'absence de livres, de sites internet, de discussions, habituellement utilisés. Alors nous avons décidé de nous concentrer sur ce qui nous parait être notre cause principale et initiale, témoigner et donner à voir la diversité des graines, de leur rapport aux N.P.J. qu'elles habitent. Gilles Clément affirme que sans nom, une plante n'existe pas. Nous n'en sommes pas si sûr et pour preuve graphique:

panneau AO, graines paysages et voyages y sont réunis

le dessin pour s'exprimer, Santa Maria Argentine


Ce grand panneau, dessiné durant deux jours, à la main, sur un format A0, et accroupi quelques heures sur la table en béton du camping, nous le joignons aux sachets de graines envoyées. C'est notre moyen plastique et graphique, en tant que paysagistes, voyageurs et improvisés botanistes, de faire le lien entre graines et N.P.J. C'est la manière dont nous souhaitons expliquer par le crayon, l'étroit rapport entre l'échelle micro du vivant et macro du milieux.

Voyez plutôt.

graines et paysage de Laguna Blanca - Argentine

Le but est de donner à voir, de manière claire et visuellement explicite, les différences de morphologies de graines, tous types confondus - agricoles, sauvages, ornementales - qui œuvrent à la régénération des territoires aux échelles et proportions inscrites dans un temps long, appartenant aux domaines de la géologie, de la pédologie. Plus simplement, nous superposons, sur un papier, au crayon et aux feutres, les échelles du temps. Le socle du territoire, quelques millions d'années, les plantes, quelques dizaines ou centaines d'années, les graines, produites en une saison, transformation d'une fleur et d'inflorescences éphémères, pouvant germer des centaines d'années plus tard.

Graine de Chinita del campo

Graine de Jacaranda

Sur des fonds carrés de 5 cm sur 5 cm, noircis par une mine puis estompés au coton tige, il est question de donner à l’œil un repère géométrique, contrastant les courbes tendues ou lâches, aux inflexions et bombés des graines. Le 2d suffit, le 3d sera palpé entre les mains des élèves.


Plus de 50 variétés de graines récoltées depuis Santiago du Chili (environ 130 depuis le début du périple), il y a 1 mois et demi et 2500 km : environ la moitié de sauvage, le gros quart d'agricole, le reste issu de jardins (bien que, comme le montre Didier Willery dans son livre Dingue de Plantes, nous remarquons fréquemment que les plantes nourricières et agricoles ornent les abords de maisons, que les arbres natifs et naturels, par manque de moyen et par coutume, structurent le parcellaire, séparant du voisinage).

La moitié de sauvage car la grande majorité des espaces traversés sont semi désertiques,

Le bon quart d'agricole car l'itinéraire choisi et suivi est ponctué de diverses campagnes, à l'échelle de villages ou de vallées,

Et de jardins car nos nuits sont souvent passées chez l'habitant, dans leur lopin de terre, plantés de plantes ornementales et comme évoqué, agricoles et natives.

jardin de finca -ferme- Villa nueva -Argentine

graine de Molle -Argentine


Qu'en est il des semences paysannes convoitées?

Il ne faut pas se voiler la face. Notre nourriture, il y a quelques mois au Chili, et aujourd'hui en Argentine, est, pour beaucoup, issue d'une agriculture intensivement chimique, industrielle, et OGM. Une agriculture que nous ne voyons pas, là où nous passons, au pied de la Cordillère des Andes, mais qui a lieu sur les plaines immenses du continent Sud-Américain. Nous savons que les biscuits, le pain,, les crackers sont produits à partir de blés transgéniques. Les tomates se ressemblent souvent toutes. Mais nous nous forçons à chercher les perles rares qui se multiplient depuis que nous nous rapprochons de la Bolivie. La quête de semences paysannes a été pour le moment un peu maigre, mais elle s'enrichit actuellement. Le quinoa, les maïs font de plus en plus partie de notre quotidien et nous nous en réjouissons.

Et pour preuve, nous tombons par hasard, dans la vallée de Calchaquies, sur un article traitant, nous citons de la 'sélection participative de semences' à l'échelle locale, paru dans le premier numéro de ce journal créé à l'occasion de la fédération des acteurs locaux en la CUM, Comunidades Unidas de Molinos.

S'est consolidé un groupe de paysans, scientifiques, agronomes, sélectionnant les semences de quinoa pour améliorer et mieux adapter les variétés au sol limoneux, à l'altitude et donc à la fois aux fortes radiations de soleil, aux variations brutales de températures, à l'atmosphère sec, au vent, ainsi qu'à la faible quantité d'eau disponible (à répartir à part égale entre les paysans).

Voyez plutôt, par ce plan schématique ci-dessous, la conception de l'espace agricole de la vallée, intimement tramé sur l'irrigation des parcelles, un paysage sous perfusion, encore une fois, de la rivière.

plan schématique à main levée de la vallée de Calchaquies - Argentine

Le lien paysage/territoire/semence se trouve physiquement dans le dimensionnement de ces parcelles pour beaucoup encore cultivées à la main, mais surtout, dans la manière de prendre en main le milieu, l'ambiant, dans lesquels les paysans pratiquent l'agriculture, basée sur l'observation, à diverses échelles de temps, de leur sol. Le lien existe dans l'initiative, la faisabilité et l'action sur le terrain et au bureau ; il faut à la fois se soucier de la trame paysagère en place depuis des dizaines voir centaine d'années (réseau d'irrigation complexe, linéaire bocager....), de cet été très sec (80mm seulement d'eaux de pluies au lieu de 250mm habituellement sur une année), du flétrissement des plantes au soleil, de la maturation des graines, du jour de la récolte. Une imbrication de décisions, au fil des générations, des récoltes et des cultures qui font que cette superposition de calques du temps, dessinent les paysages sous nos yeux, sous nos pieds aujourd'hui en projet.

vallée de Calchaquies -Salta- Argentine


Légalement en Argentine et au Chili, commercialiser les produits agricoles obtenus à partir de semences non inscrites dans un quelconque catalogue est autorisé. Une liberté gravement supprimée dans notre pays en France. Une bêtise contre laquelle de nombreux agriculteurs et militants mènent un long combat, une cause à laquelle nous tentons, à notre échelle, de contribuer, notamment en donnant la possibilité aux élèves de l'institut de juger par eux mêmes.

Nous préférons au discours révolutionnaire risqué une expérimentation personnelle et partagée, qui s' inscrit, comme le fait une graine, dans un temps long, au fil d'une vie, de générations.

dans les serres de l'Institut,

les jardiniers sont à leur plantoirs

lorsque nous sommes sur les routes

Nous approchons les hauts plateaux boliviens, sommes à la moitié de notre temps de voyage, et nous pensons à mi parcours. L'automne se fait ressentir, nous pensons bien à votre printemps d'Europe, alors bon jardinage à tous, en espérant que vos semis soient nombreux, divers et partagés.



Victor et Emmanuel,

Un périple à partager

A Salta, Argentine le dimanche 10 avril 2016

3400m, Cuesta del Obispo Argentine


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