top of page

P'tis poussés, route des semis


Hier nous visitions ceux qui assurent la structure arborée des paysages de leur région, aujourd'hui nous rencontrons celui qui fournit les pigments de la mozaïque de couleurs des champs de la Quebrada de Jujuy, celui qui améliore la qualité des semences de quinoa, d'amaranthe, de chia, de maïs, de papas andinas - pommes de terre - et autre cultures.

Suite des ptis pousses


Il est ici pour mener au mieux les cultures qui permettent de sélectionner les meilleurs espèces, d'identifier la période la plus propice aux semis, à la récolte, pour concevoir des systèmes d'irrigations adaptés aux parcelles. Toutes ces recherches expérimentations in-situ pour, à la fois fournir les petites fermes familiales (0, 5 à 1, 5ha) de la vallée en semences ( ici non hybridées, et reproductibles), pour les conseiller dans leur méthode de culture. Un appui précieux pour ces conditions agricoles extrêmes. Il faut être techniquement performant pour répondre aux problématiques locales, aux 80mm d'eau par an, aux sols argileux pouvant se transformer en béton, aux circuits de distribution anarchiques qui bloquent le développement de la filière locale.


Mais les solutions sont là devant nos yeux, dans les champs, dans ses mains lorsqu'il constate devant nous la taille plus importante des graines de quinoa semé en septembre, que celui semé au mois d'octobre. 24h plus tard, sur la route des richesses paysagères En pleine ascension pour les plateaux boliviens, dans la Quebrada - vallée - de Jujuy, après quelques 1000m de dénivelé positif depuis la veille, ça n'est plus l'humidité et la petite brise fraîche qui nous dérangent, mais le vent chaud et sec, on a bu 2 litres d'eau depuis ce matin. Le climat a changé, les paysages aussi, les visages croisés sur la route sont brunis et rougis, c'est une autre agriculture, un autre peuple. Alors quelle meilleure rencontre que celle de l'ingénier agronome à l'INTA - Institut National de Techniques Agronomiques - pour s’initier à l'agriculture de cette vallée ultra sèche. Les centres de l'INTA - équivalent de l'INRA et de l'INAF - Institut National pour l'Agriculture Familiale - nous ouvrent leur enclos. Le jeune agronome responsable des cultures expérimentales de l'organisme nous consacre, lui aussi, deux heures pour nous en dire un peu plus sur les petites parcelles mixtes de quinoa, amaranthe, chia, maïs qui nous ont attiré l'oeil depuis la route. Formes de parcelles, cultures, arbres et végétation, échelles et proportions différentes de celles d''hier. Climat, géomorphologies, cultures, sols, à 70km de distance, sont radicalement opposés. Une nature de montagnes stériles aux couleurs ocres, au milieux desquelles, la plus ou moins large vallée rythmée de méandres argileux et caillouteux, que les habitants, depuis longtemps, quadrillent, irriguent, plantent et maçonnent.


Les parcelles sont petites, très petites, amarées au canal redistribuant l'eau de la rivière déviée en amont. Le travail du sol et des cultures est pour beaucoup fait à la main, ou par un âne. Comme dirait celui qui se reconnaîtra, tout ceci est... très andin. Paysage unique, condensé de techniques artisanales qui rendent les rigoles, sillons droits ou en courbes, petits murets et autres aménagements agricoles, fascinants aux yeux de ceux qui, comme nous, débarquent. Paysage en forme, en projet, mais avec des faiblesses et fragilités bien visibles. Après quelques sujets abordés avec notre guide, nous concordons les réponses aux systèmes agroforestiers en péril -fruitiers et cultures sur un même sol - à la ligne de chemin de fer en totale décomposition que nous longeons depuis la dernière grande ville de Jujuy. La vallée produisait d'excellentes pommes, poires, pêches et nectarines, facilement acheminées par voie ferroviaire. Aujourd'hui il est beaucoup plus low cost de se faire livrer des fruits d'Amérique du Nord, d'autres pays ou régions voisines. L'agroforesterie a eu ses heures de gloires.


"Mais les arbres ne permettent-ils pas de palier aux manques d'eau des petites racines de quinoa, en ramenant, avec leur profond système racinaire, par capillarité, l'eau des horizons pédologiques inférieurs"? Tacle un peu simple de notre part auprès de cet agronome pour tâter le terrain de la pertinence du système agroforestier local, théoriquement lu et entendu en France. Nous n'obtiendrons pas de réponses concrètes ou arrêtées, mais restons tout de même convaincus de la pertinence de cette combinaison et association ligneux /herbacée pour éviter les gerçures, les craquements du sol par manque d'humidité. Le sol ne fonctionne cependant pas de la même manière, ici ce ne sont pas les vers de terre mais les fourmis qui œuvrent à l'aération du sol par exemple, alors nous ne nous avançons pas trop.


Amateurs ou pros de quinoa, chia ou autres graines tendances de biocoop parisiennes - dont nous faisons quelque part intimement parti - il est fascinant de venir ici, dans cette vallée, en transpirant, en se faisant doucement brûler la peau au soleil pour vivre dans la même campagne que ces chenopodiacées, ne serait-ce qu'une journée.




Emmanuel et Victor

Un periple a partager

le samedi 16 avril

Villazon Perou


articles
Et sur FB
  • Facebook - Black Circle
bottom of page